Luis Sepulveda

Exposition-photo à la bibliothèque de Corbarieu, sur le thème de la biodiversité.

Cet article sur Luis Sepulveda est extrait, pour l'essentiel, du magazine MUZE n°39 de NOVEMBRE 2007.

LUIS SEPULVEDA

Ecrivain de l'enfer et du paradis

De la Terre de Feu à l'Amazonie,il a frotté ses semelles à tous les vents. Sur les traces des Melville, Conrad ou Hemingway, aux confins des grands espaces vierges, là où l'enfer hésite parfois avec le paradis.Il a entendu palpiter le peuple secret des océans, mais aussi claquer les bottes de la dictature chilienne, il a reniflé la sombre odeur des geôles de Pinochet. Il a connu le parfum douloureux de l'exil et vu renaître la flamme insensée de l'espérance. Comme ces roses du désert d'Atacama.

De ses voyages en humanité, il nous ramène cet Indien qui parle aux étoiles, cet opposant traqué par la police politique. Ecrivain-baroudeur-militant, Sepulveda écrit avec des mots sobres, urgents, comme pour dissimuler les blessures qui le cuisent encore.

Une vie d'exil

1949 Naissance à Ovalle, petite ville du nord du Chili,dans une famille modeste,"extraordinaire d'amour et de générosité".Sa destinée sera influencée par une grand-mère conteuse et un grand-père anarchiste.

1969 Premier prix littéraire à Cuba.Il écrit aussi pour la radio et pour le théâtre. Il fait bientôt partie du gouvernement socialiste de Salvador Allende.

1973 Le 11 septembre, coup d'Etat militaire d'Augusto Pinochet.Luis Sepulveda est arrêté, torturé et condamné à vingt-huit ans de prison; il en sortira deux ans et demi plus tard grâce à Amnesty International. En exil, il sillonne l'Amérique Latine et l'Amérique Centrale: Equateur, Brésil, Argentine, Nicaragua...L'Unesco l'envoie en mission chez les Indiens shuars d'Amazonie en 1978."J'ai découvert un monde inconnu qui vit des réalités plus intéressantes et plus profondes que la théorie communiste".En 1980, il écrit 27 récits qui ne seront publiés qu'en 1997 sous le titre "Rendez-vous d'amour dans un pays en guerre".

Déceptions politiques, exil, solitude...Ces textes, placés sous le signe de la séparation, de la fuite ou de la mort, témoignent de la profonde tristesse qui l'habite alors.

1982 Il s'installe à Hambourg,écrit pour le journal Del Spiegel et milite pour Greenpeace.

1992 Le vieux qui lisait des romans d'amour, livre culte, traduit en 35 langues lui vaut une renommée mondiale. Sepulveda le dédie à Chico Méndez, martyr de la lutte pour la protection de l'Amazonie, et dont il a partagé la lutte.

1996 L'auteur jette l'ancre à Gijon, en Espagne, et en fait peu à peu le véritable QG d'une internationale d'écrivains latinos "effrontée et fêtarde".En 1997, il publie "Le neveu d'Amérique", récit autobiographique romancé, où un jeune garçon parcourt l'Amérique du Sud.

Il s'installe dans les Asturies, à cause de "la tradition de lutte politique instaurée par les mineurs, du sens de la fraternité qui y règne".Il a fondé et il anime le Salon du Livre Ibéro-américain de Gijon, destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs, les éditeurs et les libraires latino-américains et leurs homologues européens.

2003 La folie de Pinochet :dans ces chroniques, publiées dans plusieurs grands quotidiens ( El Pais, Le Monde...) entre l'arrestation de Pinochet, en 1998, et sa libération deux ans plus tard, Sepulveda oscille entre l'espérance et la colère.

Ses "mille batailles"

"J'écris pour résister à l'imposture(...)J'écris parce que j'ai de la mémoire et je la cultive en écrivant sur les miens, sur les habitants marginaux de mes mondes marginaux, sur mes utopies bafouées, sur mes glorieux et glorieuses camarades vaincus dans mille batailles et qui continuent à préparer les prochains combats sans craindre les défaites".

ET TOC!

"Trop sentimental, trop grand public".Certaines plumes parisiennes n'ont vu, à la sortie du Vieux qui lisait des romans d'amour , qu'une fable à l'eau de rose sur le respect de la nature et de l'environnement. De son côté, Sepulveda, qui a vécu à Paris et sait aussi tremper sa plume dans l'acide, qualifiait les inventeurs du Nouveau Roman de "fabricants inertes d'exercices de style".En 2001, il confiait au journal Libération que l'un de ses petits plaisirs était de s'installer en terrasse à Saint-Germain-des-Prés avec ses amis latinos:" nous regardions passer les specimens intellectuels de la gauche caviar et nous riions à nous en étouffer".

Et toc!

Pour aller plus loin:

Magazine MUZE de novembre 2007

www.monde-diplomatique.fr/index/pays/ameriquelatine

http://comitechiliamlatine.free.fr

http://fr.wikipedia.org/wiki/Luis_Sepulveda

www.bibliomonde.com/auteur/luis-sepulveda-219.html

http://pagesperso-orange.fr/calounet/biographies/sepulveda_biographie.htm

(Ce site propose, en plus d'une biographie, une interview inédite en exclusivité-Pau-2006)

www.ratsdebiblio.net/sepulvedaluis.html

www.evene.fr/celebre/biographie/luis-sepulveda-15110.php

www.alalettre.com/international/sepulveda-intro.htm