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biographie/bibliographie

Michel del Castillo

Est-il besoin de présenter cet immense auteur si ce n'est, dans le respect de sa propre définition, de sa biographie, de présenter plutôt sa bibliographie, dense et forte comme sa vie?

En effet, si dates et événements constituent bien le cadre à l'intérieur duquel la vie de l'auteur s'est déroulée, il faut se souvenir de son propos, vingt fois répété: "Je n'ai pas d'autre biographie que les livres, ceux qui m'ont fait et ceux que j'ai faits. Je suis un enfant des mots." , manière de suggérer que sa biographie relève non de la réalité, mais de la littérature.

Universitaires et critiques distinguent clairement les axes de sa production littéraire: l'Espagne( Le Sortilège espagnol, Andalousies...), les figures paternelles ( La Nuit du Décret, le Crime des Pères, De Père français, la Tunique d'infamie...), les différents avatars de la figure maternelle (La Gloire de Dina, Une Femme en soi, les Etoiles froides, les Portes du sang...); enfin, une incessante méditation sur l'Art et le rôle de l'artiste (Mon Frère l'Idiot, Colette, une certaine France, Algérie, l'Extase et le sang, Sortie des Artistes), sans compter de nombreuses conférences sur Mozart, Bach, la musique polyphonique, l'opéra et les grands compositeurs espagnols.

 

"Tous les secrets de l'âme d'un auteur,

toutes ses expériences,

toutes les qualités de son esprit

sont gravés dans son oeuvre".

Virginia Woolf

Extraits de la bibliographie:

 

TANGUY   Prix des Neuf 1956

LE VENT DE LA NUIT Prix des libraires Prix des Deux-Magots 1972

LE SILENCE DES PIERRES Prix Chateaubriand 1975

LE SORTILEGE ESPAGNOL 1977

LA NUIT DU DECRET Prix Renaudot 1981

LA GLOIRE DE DINA 1984

LA HALTE ET LE CHEMIN 1985

SEVILLE 1986

ANDALOUSIE 1991

LE CRIME DES PERES Prix RTL-Lire 1993

CARLOS PRADAL 1993

MON FRERE L'IDIOT Prix de l'écrit intime 1995

LE SORTILEGE ESPAGNOL; LES OFFICIANTS DE LA MORT 1996

COLETTE.UNE CERTAINE FRANCE Prix femina 1999

SORTIE DES ARTISTES "De l'art à la culture, chronique d'une chute annoncée" 2004

LE DICTIONNAIRE AMOUREUX DE L'ESPAGNE Prix Méditerranée 2005

LA VIE MENTIE 2007

 

Michel del Castillo a évoqué son enfance et son adolescence chaotiques dans nombre de ses livres. Il est né à Madrid, à la veille de la guerre civile espagnole, de père français et de mère espagnole.

Il se plonge très tôt dans l'écriture avec "Tanguy", presque un récit autobiographique (1957). Il a depuis publié plus d'une vingtaine de romans, récompensés par de nombreux prix.

Michel Del Castillo considère l'écriture comme "l'expression d'une angoisse profonde" et voue une grande admiration à Dostoïevski, Nietzsche, Kierkegaard, Saint-Augustin, Pascal et Unamuno, très présent dans son dernier roman, "La vie mentie" ( voir article consacré à ce thème).

 

Citation: "Tant que je pourrai voyager autour de ma bibliothèque, je ne me sentirai jamais tout à fait désespéré."

En dehors des voyages, il a également une grande passion pour la musique classique.

Quelques éléments de biographie, extraits de "L'Adieu au siècle", journal de l'année 1999 de Michel del Castillo:

 

19 janvier:"Je m'étonne toujours de l'intérêt que mes livres font naître. J'ai considéré mon aventure personnelle comme une figure romanesque, ce qui explique peut-être le jugement de Mendoza sur mes livres: j'ai, selon lui, biographé le roman, ce qui me semble juste dans la mesure où, dans mon esprit, le roman a toujours précédé la biographie, fournissant un cadre aux événements en eux-mêmes énigmatiques.Je savais,certes. Il y avait la stupeur de l'enfance. Il y avait la peur surtout: accepter de comprendre, c'eût été consentir à ma ruine, m'engluer dans la démence. J'ai donc avancé avec prudence, ne lâchant une prise qu'une fois assurée de la suivante...

23 janvier:Jean-Marc me faisait remarquer que le titre que j'ai choisi pour mon livre sur Colette,Une certaine France,prolonge De père français.En y réfléchissant, cela me semble logique. Tous mes livres obéissent à une rigoureuse nécessité.

24 janvier:La source de cette fatalité, peut-être est-ce cette universitaire espagnole vivant à Fribourg, en Allemagne, qui l'a décelée. Ce ne sont pas tant les souvenirs qui causent votre maladie d'écrire, avance-t-elle en citant Borges, mais l'incapacité à oublier. Or, vous n'arrivez pas à oublier, ce qui vous condamne à revivre sans cesse.

J'ai su très tôt, dès quatre, cinq ans, que j'étais affligé d'une mémoire effrayante, monstrueuse presque. Je retenais chaque scène, chaque parole, les odeurs et jusqu'à la qualité de la lumière, j'enregistrais les altérations de la voix, le moindre battement de paupières; je comprenais la signification de la scène, ce qu'elle représentait pour moi. Mais le sens général de ces tableaux m'échappait. Aussi le souvenir est-il devenu hallucination sonore, la rumeur chaotique d'un récit morcelé: tout mon effort a consisté, depuis plus de quarante ans, à recoller ces fragments. C'est ce qui explique peut-être l'étrangeté de mon travail et la difficulté qu'éprouvent beaucoup à le définir: les matériaux existent bel et bien, ils relèvent de la réalité, ce sont donc des éléments biographiques, vérifiables; d'un autre côté, ils appartiennent à la fiction, puisque je suis contraint d'inventer l'ordre des séquences, la succession des plans et jusqu'à leur valeur. Ni autobiographie, puisque ni vie ni sujet n'existaient, ni autofiction, puisque je ne suis pas le personnage que le texte bâtit: la tension entre une réalité folle et une mémoire disloquée. Les souvenirs me rendaient fou, je me suis donc inventé des récits probables, des hypothèses biographiques. Je ne dis pas la vérité, je la fais"

Pour plus d'informations:

www.micheldelcastillo.com

 



14/01/2008
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